Brussels 2009
Belgium
DATE : 11th May 2009
TYPE : Journal Le Soir N°109
AUTHOR : Daniel Couvreur
TITLE : "Dragonfly, ce projet belge qui réinvente New York",p.15-16
LINKS : www.lesoir.be
Le monde du fast-food et de la nourriture congelée est derrière nous ! » : Vincent Callebaut a foi dans les symboles. A travers ses deux ailes de verre transparentes nervurées d’acier, sa tour cristalline où fleurissent des potagers urbains mime les ailes du Dragonfly, une libellule de l’ordre des Odonata anisoptera aux capacités d’acclimatation exemplaires. Au cœur utopiste de ce gratte-ciel bioclimatique de 575 mètres de haut, entre Manhattan et le Queens, l’architecte belge tourne symboliquement la page de l’American way of life, de la société énergivore du tout à la poubelle et à l’égout.
Certains étages sont habités de poules ou de vaches laitières. Dans les jardins suspendus des appartements, des bureaux, des laboratoires de recherche, poussent des légumes et des céréales. A l’inverse des autres buildings de New York, Dragonfly ne se vide pas la nuit. Il y a de la place pour les animaux, les insectes, les plantes. Le projet remet la ville du futur en symbiose avec la nature, exploite l’énergie solaire passive, accumule l’air chaud dans son exo-structure en hiver. L’été, il refroidit l’atmosphère par ventilation naturelle et en jouant de l’effet d’évaporation des plantes. Le système de bioclimatisation est pensé pour affronter les écarts de température de - 25º à + 41º à New York.
Dragonfly est autosuffisant au plan énergétique. Des panneaux solaires, la biomasse et trois éoliennes propres fournissent l’énergie électrique nécessaire à son fonctionnement. Les jardins filtrent l’eau de pluie comme les eaux usées rejetées par ses occupants pour irriguer les cultures. Des bassins d’aquaculture développés au pied de Roosevelt Island complètent l’alimentation en eau.
Par cette vision d’avenir, Vincent Callebaut tente aussi d’apporter une réponse au challenge de la FAO, l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. La FAO encourage le développement de cultures plus respectueuses de l’environnement et moins extensives. Dragonfly remet la ferme au cœur de la ville, élimine les pesticides, réduit l’empreinte écologique causée par la délocalisation de la production agricole, crée de l’emploi local, diminue l’effet de serre et la pollution des sols.
Projet fou ? En Chine ou aux Emirats arabes unis, d’autres architectes planchent sur les mêmes idées. Entre 2009 et 2025, la population urbaine va croître de 3,1 à 5,5 milliards d’habitants. Pour les abreuver, les nourrir et les faire respirer, il faut dès aujourd’hui faire preuve d’imagination et de plus de respect pour la planète. Dragonfly mise sur l’effet papillon.
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