LIBERATION, QUAND L'EAU REVELE LE MONDE

LIBERATION, QUAND L'EAU REVELE LE MONDE

Interview de Vincent Callebaut

Paris 2017

France



NEWSPAPER : Libération

TITLE : « Quand l’eau révèle le monde »

REPORTER : Belinda Mathieu

DATE : December 2016

FROM : Paris






FORUM «QUAND L'EAU RÉVÈLE LE MONDE»

Vincent Callebaut : «Les européens ont perdu la valeur de l'eau»

Valorisation des eaux usées et habitats marins, la ville de demain s’inscrit entre résilience et utopie. Interview.

Le 14 janvier 2017, Libération organise «Quand l’eau révèle le monde», une journée de débats au siège de la rédaction. Architecte, Vincent Callebaut livre sa conception de la ville du futur.

Comment imaginez-vous la ville de demain ?

J’imagine pour le XXIème siècle des villes sorties du carbone, du nucléaire, des énergies fossiles et des insecticides. Des villes résilientes qui auront trouvé la juste symbiose entre évolution économique et respect de l’environnement. Elles ne seraient plus énergivores, les mots «déchets» et «pollution» seraient bannis. Les bâtiments produiraient plus d’énergie qu’ils n’en consomment et transformeraient sur place les déchets en ressources naturelles. Avec mon équipe, nous concevons des immeubles carbo absorbants, aux formes végétalisées, à la fois tour et arbre. Réintroduire la nature en ville, c’est combattre les nuages photochimiques de pollution grâce à la photosynthèse naturelle.

Dans cette smart city, comment sera gérée la ressource en eau ?

Nous avons envisagé un système d’irriguation de nos bâtiments végétalisés avec de «l’eau grise», c’est-à-dire de l’eau rejetée par les citadins, plutôt que de l’eau potable. Certaines particules organiques ne seraient pas filtrées afin de servir d’engrais pour les plantes. Comme dans un écosystème naturel, la ville doit fonctionner en cercle vertueux, tout doit être recyclé. La forêt tropicale est l’une de mes sources d’inspiration, elle utilise la photosynthèse et transforme les déchets en ressources naturelles.

Cela implique un changement des mentalités ?

Il y a tout une pédagogie à faire. En Europe, nous sommes les seuls à utiliser de l’eau potable dans nos toilettes et à Paris on nettoie même les rues avec ! Les Européens ont perdu la valeur de l’eau. C’est pour cela qu’il est important que les projets d’urbanisme et d’architecture remettent cette ressource au centre de leur préoccupation, en tant qu’énergie renouvelable.

Quelle serait la place de l’agriculture dans ce système ?

Ce serait une agriculture urbaine faite de fermes verticales, de vergers communautaires et de potagers suspendus au cœur de la ville. Il faut rapprocher les lieux de production des lieux de consommation et mettre fin aux transports fluviaux, routiers ou aériens.

Et tous les déchets organiques seraient transformés en chaleur ou en électricité grâce à une centrale de méthanisation, installée au pied des tours. Nous avons prévu un tel système sur la tour Montparnasse, dans le cadre du projet Paris smart city 2050. Imaginez une spirale de verger communautaire enroulée autour d’une structure en béton où tous les déchets seraient valorisés. Nous voulons créer un central park vertical, où les logements et bureaux de la tour seraient chauffés en hiver, rafraîchis en été.

Vous travaillez aussi sur des projets de villes aquatiques ?

Absolument, avec une planète recouverte à 70% d’océans, les terriens pourraient devenir «des meriers», des habitants des mers. Nous avons notamment imaginé le projet Lilypad : une ville amphibienne, inspirée par la feuille de nénuphar géant d’Amazonie. Elle hébergerait les réfugiés de la guerre ou du climat, dont le nombre va doubler d’ici 35 ans. En 2050 de nombreux territoires auront disparu : 4% des Pays Bas, 18% du Bangladesh et jusqu’à 80 % de l’archipel des Maldives et des îles Marshall. Je présente souvent ce projet aux institutions européennes et à l’ONU, pour les sensibiliser à la question climatique et les mettre devant leur responsabilité. Qui va payer cette dette écologique ?

Le CO2 et le méthane issus des activités industrielles saturent l’atmosphère et les océans. Les massifs coralliens et les mammifères marins disparaissent. L’homo sapiens, espèce supposée la plus intelligente de la planète s’asphyxie. On en vient à manger nos propres déchets plastiques avalés par les poissons, qui se retrouvent ensuite dans nos assiettes. Il est temps de faire preuve d’humilité.

A quelle échéance seront réalisés vos projets ?

Nous avons des chantiers en Egypte, en Amérique du Sud, en Asie, notamment à Taïwan où nous terminons une tour enveloppée de près de 23 000 arbres et arbustes. Cette tour auto suffisante en énergie sera capable d’aspirer 130 tonnes de CO2 par an. Entre le rêve et la réalité, il n’y a qu’un pas.

Belinda Mathieu @BelindaMathieu



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Vincent Callebaut Architectures
7, place Félix Eboué
75012 Paris
France

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