PARIS 2016
FRANCE
MAGAZINE : Côté Paris
TITLE : Du vert au balcon
JOURNALIST : Laurence Mouillefarine
DATE : February 2016
FROM : Paris
Fermes urbaines, toitures potagères, bâtiments autosuffisants en énergie… Un architecte visionnaire rêve de rapporter la campagne dans la ville. Une utopie ? Une lueur d’espoir dans nos cieux pollués.
Minuit, le 31 juillet 2015 : la température à Paris affichait dix degrés de plus que la périphérie. Et pour cause : “C’est l’une des villes les plus minérales du monde, explique l’architecte Vincent Callebaut. La pierre, le béton, le bitume des trottoirs absorbent les calories dans la journée et les redistribuent la nuit, créant, ainsi, une mini-canicule. Un îlot de chaleur urbain qui emprisonne les gaz à effet de serre”. Et nos poumons avec ! Depuis la fin de ses études d’architecture, ce Belge, trente-huit ans, fasciné par le génie des écosystèmes, milite pour un urbanisme écologique. Parisien d’adoption, dont l’agence niche dans un passage pittoresque du quartier de la Bastille, il imagine des cités fertiles et pour ce, travaille en collaboration avec des biologistes ou autres ingénieurs spécialistes de chimie verte.
Afin de faire connaître ses “projets manifestes”, le professionnel se démène, se présente à des concours internationaux, participe aux Expositions universelles et Biennales d’art contemporain, espérant inciter investisseurs, promoteurs, hommes politiques à mettre en oeuvre ses visions. C’est ainsi que la Mairie de Paris, dans le cadre de son Plan Climat Énergie, lui a confié une étude destinée à rapatrier la nature dans la capitale. Vaste programme.
Le fruit des recherches de Vincent Callebaut fait l’objet d’un album intitulé Paris 2050. Dans cet ouvrage d’anticipation, les arbres prennent leur revanche! La tour Montparnasse, symbole de l’architecture énergivore d’hier, est transformée en vergers communautaires ; des ponts paysagés et habités enjambent la Seine, sur laquelle glisse un bateau à coque pneumatique capable de capter les éléments polluants du fleuve, d’en nettoyer l’eau et la rendre potable ; des fermes verticales se dressent dans le paysage urbain, au-dessus du périphérique, pour nourrir les citadins. Parce qu’il n’y a plus de place au sol pour des jardins, la végétation grimpe aux murs, gagne les toitures, les terrasses, et jusqu’aux façades des immeubles. Scénario idéal concocté par notre Jules Verne de l’“archibiotic”, de hautes tours, multifonctionnelles, accueillent à la fois appartements et bureaux.
“On vivra au vingtième étage, on travaillera au quarantième, après avoir déposé les enfants à l’école au cinquième”. Moins de transports, moins d’asphyxie. Plus de temps libre. Mieux encore, l’immeuble sera ceinturé de balcons-potagers, chauffés par boucliers solaires, où les habitants cultiveront leurs légumes à la mode de chez nous et dont les déchets, recyclés par phyto-évaporation ou par compostage, produiront une énergie suffisante pour alimenter le bâtiment. Un avenir qui tient de la science-fiction ? Non. L’un des projets de Vincent Callebaut, une tour en spirale à énergie positive couverte de jardins suspendus, sort de terre à Taïwan pour être livrée en 2017. Ça bouge !
“Paris 2050” par Vincent Callebaut, 186 p., 29,95 €, Michel Lafon.
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