PARIS 2014
FRANCE
NEWSPAPER : AFP, Agence France Presse
JOURNALIST : Claire Snegaroff, Paris, France
ENGLISH TITLE : "Breakthrough In Sustainable City Living with Vincent Callebaut Architect"
FRENCH TITLE : "la Ville aux Limites du Possible avec l'Architecte Vincent Callebaut"
DATE : January 2014
LINK : http://www.afp.com/fr/professionnels/services/news/la-ville-aux-limites-du-possible-avec-larchitecte-vincent-callebaut
La ville aux limites du possible avec l'architecte Vincent Callebaut
Sortir de chez soi en croquant une pomme du verger collectif du 4e étage, et gagner son bureau, plus haut dans la tour. Croiser l'éleveur venu nourrir ses vaches. Penser à amener les enfants voir la rizière du 1er. Regarder dehors, et contempler New York à ses pieds.
Ce projet "Dragonfly", le Belge Vincent Callebaut y a consacré des centaines d'heures, la nuit dans sa cuisine, après son travail dans les agences d'architecture parisiennes où il faisait ses armes.
Un immeuble de 575 mètres de haut en forme d'aile de libellule, composé de deux tours reliées entre elles par une serre bioclimatique. Des jardins potagers suspendus. Des champs. Un édifice autosuffisant énergétiquement, avec son bouclier solaire et ses éoliennes. Et en bas, un marché flottant sur l'East River pour écouler la production locale.
Et ça faisait sourire. "On s'est foutu de moi. On disait: +toi, tu fais de la science fiction, t'as qu'à faire de la BD+".
Aujourd'hui, de l'autre côté de la porte vitrée, il montre l'équipe d'une petite dizaine de personnes qui travaillent dans le bel immeuble du chic 6e arrondissement de Paris où il a fondé son agence en 2008.
Et le jeune architecte s'autorise une certaine fierté, rompant avec un naturel modeste: "Quand j'ai commencé, on m'a dit qu'un +jeune architecte+ en France, c'est 45, 50 ans. J'en ai 36. Je suis dans les temps...".
Tout a changé pour lui en 2010. La prise de conscience de l'urgence environnementale, autour du sommet sur le climat de Copenhague fin 2009, était passée par là.
Après une enfance à lire les BD futuristes de Luc Schuiten dans le pavillon familial à La Louvière, petite ville industrielle belge "en décrépitude", puis dix ans à "beaucoup dessiner" et dévorer les revues sur les nouvelles technologies... la consécration est venue à l'exposition universelle de Shanghaï.
Sept pavillons, dont celui de la Chine et de l'Allemagne, ont exposé Dragonfly et d'autres de ses projets, comme Lilypad, ville flottante pour réfugiés climatiques en forme de nénufar géant.
Désormais, l'architecte ne compte plus les invitations, y compris à l'ONU et au Parlement européen, pour venir exposer sa vision de la ville de demain: "dense, verte et connectée".
Une cité "intelligente, qui réintègrera l'agriculture, et transformera chaque bâtiment en mini-centrale énergétique auto-suffisante", prédit-il.
La recette, selon lui, pour réduire notre empreinte carbone, vivre mieux et nourrir les "80% de la population qui vivra dans les villes en 2050 quand nous serons 9 milliards".
La lune et les étoiles
Mais les clients se bousculent-ils pour construire Dragonfly? Non. Ses projets "idéalistes" ont vocation à attirer le regard et montrer la direction.
"Notre but, c'est de viser la lune pour atterrir dans les étoiles. C'est à dire pousser nos client à placer barre le plus haut possible".
Et c'est en Asie que ce discours fait mouche. "Les pays émergents n'ont pas peur de se tromper, et ont les moyens financiers de prendre des risques".
Ainsi, un représentant du groupe taïwanais de construction BES lui a dit: "Je serai le premier à construire l'un de tes bâtiments". En chantier depuis 2012 à Taipeh, la tour Agora Garden sera livrée en 2016.
"On y retrouve l'essence de nos concepts prospectifs", explique Vincent Callebaut. Un tour d'habitation de 25 étages torsadée, avec 10.000 m2 de balcons végétalisés "pour réduire le recours à la climatisation", une pergola photovoltaïque de 1.500 m2, ou encore des "lagunes de phyto-épuration pour recycler les eaux grises".
Mais c'est à Shenzhen en Chine qu'un de ses projets "idéalistes" pourrait voir le jour, à la demande d'un investisseur inspiré par Dragonfly.
Asian Cairns est composé de six tours "maraîchères" constituées de "galets" superposés qui "sont chacun un bâtiment à part entière". "Un galet centre commercial et cinéma, un galet crèche, un galet logements, bureaux, musée...". Et bien sûr, des serres agricoles.
Vincent Callebaut a bon espoir d'obtenir un permis de construire pour au moins une tour "pour voir comment ça se passe en chantier, dans le vécu, le développement social" qui s'y opère.
"On rabâche trop qu'on est dans des crises multiples et qu'il faut être le plus pragmatique possible pour rentrer dans les coûts".
Notre but, "c'est toujours être dans les limites du possible", dit-il. Et c'est à Shanghaï ou Hong Kong qu'il envisage d'ouvrir une seconde agence.
Claire Snegaroff, AFP - Agence France Presse
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